Quelques mots sur les clowns

Les clowns où l'art de vivre sans personnage.
Les clowns…bougent de partout et changent sans arret. On parle souvent de " la recherche de son propre clown ", ce sont des mots qui me laissent perplexes. Comme s'il existait en soi un etat fixe et immuable, un clown déjà tout construit au fond de nous-mêmes ! Mais nous portons dejà des casseroles sur nos têtes, des épées, des faux sourires pointus, des idées tordues comme du fil barbelé. Est-il besoin d'ajouter autre chose ? !
La voie du clown est tout autre et se passe du personnage que nous portons tous les jours. Il s'agit d' une voie modeste, au départ, sans vêtements, ni numéro, sans rien dans les poches ni rien…dans la tête.
Il faut, avant de faire, se défaire.
Quand l'acteur se perd et sous le regard du public laisse les choses aller - l'embarras, la fragilité sont des sentiments qui se manifestes bien vite ! Alors une lumière s'allume. Avant de faire rire, il faut être. Etre simple, tout simplement…
Le clown est un voyage en rappel, qui porte l'acteur en position perpendiculaire avec lui-même : faire rire - non pas chercher le rire - c'est d'abord trouver l'état intérieur de disponibilité aux évé nements. L'ancre se lève et sous le vent léger les certitudes s'éloignent. Allégé des fardeaux inutiles le comédien rit, rire parce qu'il se sent libre. L'aventure a commencé.

Une ligne de conduite , quelques mots sur le travail en séminaire:
(des informations plus complètes sont disponibles.)
Je commence d'abord en travaillant sur la présence et sur le silence. La présence c'est faire fleurir et laisser fleurir le chaos intérieur puis tout se calme. Le comédien grâce à de simples exercices ( c'est-à-dire basé sur le retour à l'extrême simplicité) apprend dans un premier à se détacher de l'attente du public pour être avec lui-même ( il faut être seul pour être deux). Avant que le contact avec le public ne s'établisse le comédien inverse l'attention, c'est le point de repos.
Dans un second temps des points de contact s'allument entre le comédien et le public, la terre et le ciel se rapprochent . L'acteur se connaissant, s'oublie, il laisse son territoire et " vit à la dérive " comme dit Euripide. Chaque événement est une découverte, un étonnement, un jeu…à l'horizon des clowns apparaissent…. Des jeux burlesques, stupides.

Faire le clown c'est retrouver l'amour, le sens de l'amour - non plus posséder ,être possédé. Qui conduit qui dans le jeu de la vie? le public dirige d'une main invisible le comédien et révèle en lui des images qui s'élèvent en volutes et le dépasse. Comme dans un tableau de Shagall le comédien s'envole au dessus de la ville endormie…Ses jeux de clowns semblent dessiner le monde.



Le tao du clown, un voyage en soi
Le clown représente la recherche de soi en utilisant la petite clef d'or de la connaissance qui ouvre la porte des pièces intérieurs. Il voyage donc vers les univers du bas. Entre la clavicule et l'orpicule, entre un serrement de cœur et l'émerveillement.
L'on dira : " c'est idiot, prenez le tram, la voiture vous ne perdrez pas de temps. ! " Mais justement il faut perdre du temps, prendre le temps de perdre du temps. Oui c'est complètement idiot et qui dit haut dit bas, ce ne sera donc pas le nez tourné vers les étoiles que le clown commencera son voyage mais vers les mondes d'en bas. Il voyagera sans couverture, sans valises et sans idées.
Il dira sans cesse : " mais qui suis-je ? Et le son de la question dessinera des volutes en forme de landau : s'interroger comme un idiot n'est-ce pas naître ?
Le château des mille et une nuit est caché juste sous les fougères des paupières, à l'angle du chemin du bon sens.
Il suffit de battre des cils une fois en disant : " tiens c'est marrant ça, mais pourquoi ? "
Un simple mouvement des paupières, effectué avec la légèreté d'un battement d'hirondelle, tout est là.
Un autre s'espace s'ouvre, le clown tourne petite clef d'or.
En ouvrant la porte il pénètre dans le monde de l'envers, il voit que ce qui est sur l'est moins ; que ce qui est fort s'écoule comme la suie d'une bougie ; que ce qui est prononcé d'une voix forte sent le moisi et se remplit de terre.
Il n'y a que les hirondelles qui chantent et la vie se perche d'un bond sur un arbre.

La première choses que constate le clown est que l'évidence est comme le gruyère, pleine de troues. L'évidence elle évide beaucoup, elle danse même, elle se vide de substance et les vides dansent.
" Rien n'est evident " dit à voix haute le clown en parlant fort pour faire peur aux fantasmes et se donner du courage.
Et du plafond on entend on voit des stalactiques bleutées qui s'allument comme des phares et dessinent de splendides paysages. Le clown conclue : " avant je regardais et je ne voyais pas, maintenant tout me parait bizarre ! ". C'est que le voyage a commencé.
Les émotions font resurgir de vieux parfums cachés, des peurs, des inquiétudes et le sens d'etre inadapté aux contingences externes.
Le clown tourne la clef en posant la question que posent les enfants : " mais pourquoi ? "
Il entre dans le monde du " je ne comprends pas. " Car seul l'étonnement renouvelle le cœur de l'individu et lui fait sortir de la vie mécanique.
Faire le clown, tout d'abord ce n'est pas faire rire, c'est s'étonner.